vingt juillet 2010, Paris.

Il parait que tenir un journal c'est puéril, enfantin mais écrire m'a toujours soulagée. Dix jours après le drame, je ressens ce besoin insatiable d'écrire ma peine, mon désespoir. Je sortais du travail lorsque l'incendie s'est déclaré, Brady et Savannah m'attendaient dans un bar, ils voulaient fêter ma réussite, je gravais les échelons. J'avais du retard et je savais qu'ils allaient me passer un savon, c'est pourquoi j'avais sorti mon téléphone pour les prévenir. N'obtenant aucune réponse, j'en conclus qu'ils ne prenaient pas en compte mon retard. C'est seulement quand je suis arrivée au point de rendez vous que ma vie s'est écroulée. Des dizaines de camions de pompiers m'entouraient. Autour de moi, les gens criaient, hurlaient, pleuraient, j'étais perdue, incapable de parler. Alors j'ai fais demi-tour, et je me suis assise sur un banc, c'est là que je me suis mise à pleurer. Que je me suis rendu compte que je ne les reverrais plus, ma cousine, mon meilleur ami, ceux qui avaient partagé ma vie pendant vingt-trois ans, ils étaient morts. Je m'en voulais tellement, le simple fait de me dire que j'aurais du être avec eux me rongeait de l'intérieur. J'ai bouclé mes valises le lendemain du drame, et c'est comme ça que je suis arrivée à Paris, j'avais besoin de décompresser, de me remettre de tout ça, essayer d'oublier que ma vie était devenue un véritable calvaire. J'aimerais tellement remonter le temps, leur donner rendez-vous ailleurs, ne pas être en retard, leur dire que je les aime. C'est trop tard, ils sont partis, et une partie de moi s'est envolée avec eux.

trente septembre 2010, Paris.

Lukas m'a rejoint à Paris, il dit qu'il ne me peut pas me laisser dans un tel état seule. C'est mon frère et il a toujours été très présent dans ma vie, après tout nous avons seulement un an d'écart. A la mort de notre père il y a quinze ans, il est devenu l'homme de la famille, il soutenait énormément notre mère et m'aidait beaucoup. Quand il est arrivé, j'ai enfin pu me laisser aller, j'ai pleuré pendant deux heures dans ses bras. Il n'était pas très bien non plus, Savannah était sa cousine à lui aussi, mais il n'a rien montré, il a préféré être fort pour moi. Quand il est parti s'installer à New-York il y a trois ans, je lui en ai un peu voulu de me laisser à Daisy Town, mais il avait sa vie, et moi la mienne. Aujourd'hui, quand je vois les circonstances de nos retrouvailles, je me dis que j'aurais préféré qu'il ne revienne pas pour ça.

vingt décembre 2010, Paris.

Lukas et moi on a refait nos valises, Paris n'est pas une ville pour nous. Même si je sais que ça me fera mal de revenir à Daisy Town et de revoir les endroits ou j'ai passé du temps avec eux, je préfère prendre sur moi, et retourner dans ma ville natale. Ça fait déjà cinq mois qu'ils sont partis, et ils me manquent toujours autant.

dix juillet 2011, Daisy Town.

C'est du cimetière que j'écris aujourd'hui, un an qu'ils sont partis, un an qu'ils m'ont laissée. La douleur est toujours aussi présente. Heureusement Lukas est là, il a rencontré quelqu'un, elle s'appelle Alexia et elle me fait énormément penser à Savannah, donc je la protège comme si c'était elle. Je ne les oublierai jamais, jamais.

dix juillet 2012, Daisy Town.

Aujourd'hui ça fait deux ans qu'ils ne sont plus là, et j'ai réappris à vivre. Même si ils me manquent, j'ai appris à me faire à leur absence. J'ai cru apercevoir Brady en ville, mais je sais que c'est impossible, puisqu'il a péri ce jour là. Je suis rédactrice de mode maintenant, et j'ai ma propre rubrique dans un grand magazine. La vie a reprit sont cours, la ville a récupéré sa gaieté d'antan. Je tourne une page de ma vie, j'ai appris à penser à eux sans pleurer. Le bonheur recommence maintenant.